Hibernation saisonnière.

Enfant déjà, lorsque tombait sur moi cette chape qu'est le mois de novembre, des envies étranges me venaient : celle entre autres de dormir, de dormir si longtemps que j'en oublierais les longueurs de cet hiver où pourtant je suis née et qui, qu'on le veuille ou non, s'avère être une saison aussi nécessaire que n'importe laquelle des trois autres.

Ah ! dormir ! Dans la chaleur lourde de l'amnésie temporaire, sans plus aucun besoin de se nourrir, sans aucune joie peut-être mais sans aucune peine, sans aucun chagrin, dans la négation absolue de la douleur et de la tristesse ... Dormir un rêve de six mois pleins, semblable à ces serials des temps du muet que venéraient les Surréalistes, avec mon double à jamais jeune, à jamais mince, à jamais sûr de lui volant d'absurdité en absurdité mais paisible, détendu et plus heureux sans doute que dans la sombre réalité ...

Il est une légende qui prétend que jadis, les animaux parlaient. Mais, lassés par la méchanceté incurable de l'homme, ils décidèrent de s'enfermer à leur égard dans un silence méprisant.

De même, l'homme est un être dont la Nature se méfie tant qu'elle lui a retiré le droit d'hiberner à l'exemple de la marmotte ou de l'ours.

Personnellement, je ne m'en consolerai jamais.